Et si 1 était égal à 30 ? Dans la guerre fratricide entre la Palestine et Israël, les chiffres perdent de leurs sens, tandis que les mots, eux, étrangement, nous parlent.
"Une réponse proportionnée". Voici ce qu'a demandé, le 16 novembre 2012, l'Union Européenne à Israël, qui poursuivait son offensive contre la bande de Gaza.
Aujourd’hui, le bilan de l'attaque s’élève à 174 morts du côté palestinien
contre 6 morts du côté israélien. En toute proportionnalité, cela revient à dire qu’un israélien équivaut à 29 palestiniens.
Au-delà des questions fondamentales de la valeur d’une vie humaine, s’en pose
une autre politique : était-ce le résultat escompté par l’Union Européenne? En somme, n'y a t-il pas eu d'erreur dans la pose de l'équation?
+ 65 ans
Par un fin calcul mathématique, les dirigeants pensent bien souvent pouvoir infléchir l’Histoire. C'est pourquoi, Il fallait un chiffre rond pour faire de la Palestine, neuf jours après une offensive meurtrière, un « État observateur non membre » de l’organisation des Nations-Unis. Le 29 novembre 2012 devait ainsi répondre au 29 novembre 1947, date à laquelle le plan de partage de la Palestine en deux états, juif et musulman, fut adopté par l’ONU. Après 65 années, quatre générations perdues, 51 000 morts, selon les estimations, dans les deux camps et 3000 logements de plus construits à Jérusalem-Est par Israël, quel sens peut-donc bien avoir la coïncidence de ces deux dates ? Aucun des protagonistes n’en ont l’usage. La Palestine est passée d’une entité à un « État » sans gagner le droit de voter au sein de l’ONU, tout juste a-t-elle la possibilité d’adhérer à certains traités internationaux. Israël garde, quant à elle, son allié indéfectible, les États-Unis, à laquelle elle confie unilatéralement, depuis les lois américaines des années 90, son propre destin. Les dates tout comme les chiffres ne semblent plus avoir de sens, alors pourquoi les utiliser ?
+ 65 ans
Par un fin calcul mathématique, les dirigeants pensent bien souvent pouvoir infléchir l’Histoire. C'est pourquoi, Il fallait un chiffre rond pour faire de la Palestine, neuf jours après une offensive meurtrière, un « État observateur non membre » de l’organisation des Nations-Unis. Le 29 novembre 2012 devait ainsi répondre au 29 novembre 1947, date à laquelle le plan de partage de la Palestine en deux états, juif et musulman, fut adopté par l’ONU. Après 65 années, quatre générations perdues, 51 000 morts, selon les estimations, dans les deux camps et 3000 logements de plus construits à Jérusalem-Est par Israël, quel sens peut-donc bien avoir la coïncidence de ces deux dates ? Aucun des protagonistes n’en ont l’usage. La Palestine est passée d’une entité à un « État » sans gagner le droit de voter au sein de l’ONU, tout juste a-t-elle la possibilité d’adhérer à certains traités internationaux. Israël garde, quant à elle, son allié indéfectible, les États-Unis, à laquelle elle confie unilatéralement, depuis les lois américaines des années 90, son propre destin. Les dates tout comme les chiffres ne semblent plus avoir de sens, alors pourquoi les utiliser ?
Place aux mots
La présence des chiffres et l’absence d’utilisation des mots est une pathologie politique qui peut avoir deux sources. D’une part, les mots disparaissent devant une situation « inqualifiable » par peur de leurs impacts et les chiffres les remplacent. D'autre part, c’est la force de certains mots qui en fait oublier d'autres. Ainsi, les termes de « Plomb durci » (2008), d’ « Éliminations ciblées » (2010), de « Pilier de défense » (2012), utilisés par l'État d’Israël pour désigner ses interventions à Gaza, portent en eux-mêmes une charge si forte que dire autre chose peut paraître impossible. Les mots peuvent également manquer, lorsqu’une situation politique empêche de formuler clairement une direction propre. La métaphore mathématique de l’Union Européenne n’est alors que le symptôme d’un manque de politique étrangère commune, épinglé d’une formule diplomatique aussi floue que malheureuse.
Pour faire une
place aux mots dans le calcul, rien n’est plus salutaire que l’étymologie pour
retrouver du sens. A la signification
guerrière de Gaza, « forteresse » en arabe, à celle poétique de Tel-aviv,
« colline artificielle sur un champ de ruine au printemps » répond
celle de Jérusalem, ville fondée par Salem, lieu de paix. Les mots peuvent
autant réunir que diviser. L’ « enthousiasme » du Hamas devra
répondre un jour à l’ « ouverture » du Fatah pour fédérer l’ensemble
disparate qu’est la Palestine et retrouver un visage uni entre la Cisjordanie
et la Bande de Gaza. Cela permettra peut être de réaliser un monde où les mots arriveront, un jour, à remplacer
les roquettes…
Les chiffres sont la seule langue commune de l'"union" européenne. D'où son goût prononcé pour les anniversaires et le commerce.
RépondreSupprimerArticle intéressant ! Par contre je suis pas sûr pour la traduction de Tel Aviv
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